- MOORE (GERALD)
- MOORE (GERALD)Gerald MOORE 1899-1987Le pianiste Gerald Moore naît à Watford (Grande-Bretagne) le 30 juillet 1899. Wallis Bandey guide ses premiers pas à l’école de musique de sa ville natale. Sa famille ayant émigré au Canada en 1913, c’est au conservatoire de Toronto qu’il poursuit ses études. Une fois de retour en Grande-Bretagne, il n’hésite guère à suivre les conseils du chef d’orchestre et compositeur britannique sir Landon Ronald: il abandonne l’ambition de devenir soliste pour consacrer sa vie à l’accompagnement. En 1925, il est le partenaire de John Coates, à qui il avoue devoir beaucoup. Débute alors une vie professionnelle qui pourrait se résumer en une phrase: seuls les plus grands l’appelèrent, il ne joua qu’avec eux. Des sonates, bien sûr, avec Yehudi Menuhin et Emanuel Feuermann, mais encore et toujours du lied. Tout d’abord avec Chaliapine, Frida Leider, Elisabeth Schumann, Hans Hotter, avec qui il enregistre le Winterreise et le Schwanengesang de Schubert, Kirsten Flagstad, qui le choisit pour graver les Wesendonck Lieder de Wagner, et, enfin Kathleen Ferrier, dont il fut le pianiste privilégié. Ensuite, ce seront Victoria de Los Angeles, Elisabeth Schwarzkopf avec des Wolf de rêve, Irmgard Seefried, Christa Ludwig, Janet Baker et, surtout, Dietrich Fischer-Dieskau avec qui il donne de mémorables séances Schubert – parmi lesquelles le Winterreise encore une fois – dont le disque a largement conservé la trace. Derrière cette fréquentation quotidienne de l’Élysée du chant, peu de chose en vérité pour nourrir une biographie: la présentation des concerts de midi à la National Gallery, des cours d’interprétation et des conférences dans le monde entier et un chapelet de livres – The Unshamed Accompanist (1943, éd. rév. 1957), Singer and Accompanist (1953), Am I too Loud? (1962, Faut-il jouer moins fort? , Buchet-Chastel, Paris, 1982), Schubert Song Cycles (1975), Farewell Recital (1978) – où se mêlent souvenirs et vision aiguë du répertoire. Quand, le 20 février 1967, il donne au Royal Festival Hall son concert d’adieu, c’est avec l’affectueux hommage de ces divinités du lied que sont Victoria de Los Angeles, Elisabeth Schwarzkopf et Dietrich Fischer-Dieskau. Une dernière fois, il joue ce répertoire où il s’illustre depuis quarante-deux ans: Mozart, Haydn, Schubert, Mendelssohn, Schumann, Brahms, Wolf, pour lequel il s’est tant battu, et, pour finir dans un sourire, Rossini avec un inénarrable Duo des chats . Daniel Barenboïm ira le tirer de sa retraite de Box Hill pour quelques enregistrements encore avant qu’il ne disparaisse le 13 mars 1987, à Penn, dans le Buckinghamshire.Grâce à lui, le répertoire tant dédaigné du piano d’accompagnement révèle ses secrètes mais somptueuses beautés. Humilité devant la partition, pudeur des sentiments et des effets, simplicité de la ligne musicale définissent un jeu où la perfection technique elle-même se cache sous la justesse de la respiration et le raffinement des couleurs. Passionnément à l’écoute de la voix, Gerald Moore nous offre la présence d’un poète et l’autorité d’un maître: l’évidence en habit de velours.
Encyclopédie Universelle. 2012.